Pour le plus grand bonheur de tous les fans de musique électronique de la région et d'ailleurs, le festival Electroclique, organisé par l'association le Citron Vert, revient nous offrir quatre jours de concerts et de découvertes.

Avec un programme alléchant, mettant à l'honneur tous les styles de musique électronique, mélangeant sur scène grosses têtes d'affiches internationales et musiciens locaux, cette 6ième édition d'Electroclique restera une fois de plus longtemps dans les mémoires.

D'autant que, malheureusement, le festival s'arrête cette année. Les temps sont durs pour la culture alternative à Besançon, plusieurs autres festivals se sont arrêtés, des cafés-concerts ferment, des associations déposent le bilan…

L'association le Citron Vert, qui a vu le jour il y a bientôt dix ans, est partie de loin. Originaire du milieu des free parties, les fondateurs du Citron Vert avaient décidé de se structurer en association pour surmonter les difficultés rencontrés alors par la scène électronique underground, fortement stigmatisée par les autorités et souffrant de l'absence totale de reconnaissante artistique.

Prenant vite de l'ampleur, regroupant de plus en plus de bénévoles, et rapidement soutenu par un public de plus en plus nombreux, le Citron Vert a surpris tout le monde et a dépassé ses objectifs.



Elle compte parmi les associations musicales les plus importantes de France, et son festival Electroclique est le plus gros évènement du genre sur Besançon et les environs.

Mieux, elle a su fédérer les artistes, les lieux et les autres associations, au-delà de l'univers des musiques électroniques, contribuant à créant une vraie famille culturelle à Besançon et dans la région.

Le Citron Vert s'est fait remarquer au-delà des frontières Comtoises, Françaises et même Européennes avec la promotion d'artistes locaux dont plusieurs ont rencontré le succès.

Mais surtout avec des évènements soigneusement organisés et une communication professionnelle, le Citron Vert a utilisé ses forces vives pour agir en faveur d'une ouverture vers les autres milieux culturels : rencontre entre les publics, les générations, actions en milieu scolaires, nombreux partenariats… Le Citron Vert a surtout été un levier formidable pour changer les idées reçues sur les musiques électroniques. Et l'on sait qu'elles ont la vie dure…

Bien sûr l'association a été soutenue par les pouvoirs publics, mais de façon insuffisante. Les bénévoles s'essoufflent, les moyens manquent… Ce le constat est le même dans toute la scène culturelle alternative.

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Puisse ce reportage montrer une nouvelle fois la qualité et l'ampleur de ce festival, et servir d'argumentaire pour motiver l'obtention de moyens décents.

Le festival commence jeudi par une conférence sur l'histoire des musiques électroniques . Jusqu'à une époque encore récente, les musiques électroniques n'étaient pas enseignées en milieu scolaire, et voir même méprisées. Combien de fois ceux de ma génération (j'ai 32 ans) ont entendu « ce n'est pas de la musique c'est du bruit »

La situation s'est améliorée depuis, mais Vincent Nicod, coordonnateur du Citron Vert, a remarqué que si pour les plus jeunes, la musique électronique fait partie intégrante de leur culture, ils ignorent souvent ses origines.

Qu'il s'agisse bien sûr des origines lointaines, qui remontent aux premières expérimentations avec l'électricité il y a plus d'un siècle, mais aussi de la « deuxième naissance » des musiques électroniques avec ses premiers succès populaires auprès du grand public, dans les années 70 et 80 notamment.

Vincent a donc construit cette conférence sur l'histoire des musiques électroniques il y a deux ans, pour la donner à des collégiens de la région.



Cette intervention en cours de musique faisait partie d'une action plus large en milieu scolaire, baptisée « les détournements électromusicaux », au cours de laquelle pendant une année les élèves sont également initiés à la MAO, et à la fabrication d'instruments de musique électronique en classe de technologie.

La conférence a ensuite été donnée en public l'année suivante. Devant l'intérêt du public, Vincent a décidé de la refaire cette année, en continuant à enrichir son contenu. Deux autres membres du Citron Vert sont venu l'accompagner : Pierre, musicien et compositeur du groupe Näo, et Loïc, membre du duo « les Pattes Folles ».

Après une carrière de guitariste dans le groupe Néofit, Pierre s'intéresse à la musique électronique. Dans cette lignée, il fonde le groupe Näo, qui a acquis une bonne notoriété et compte plus d'une centaine de concerts à travers toute la France à son actif.

Loïc a commencé à s'intéresser à la musique en tant que DJ. Puis il s'est mis à la composition avec des machines, et ensuite il s'est lancé dans la construction de ses propres synthétiseurs. Il joue en duo avec sa compagne Mathilde depuis plusieurs années sur ses machines maison. Baptisé « les Pattes Folles », le duo produit un son « tribe mentale » très apprécié dans le milieu underground.

Comme les éditions précédentes, la conférence reprend tout l'historique de la musique électronique, depuis les premières expériences liées à l'invention du télégraphe et de la radio, comme le Thérémine par exemple, et la musique acousmatique et concrète dans les années 50.

Elle enchaîne ensuite sur l'incontournable « révolution Moog » et sur les premiers succès grand public rencontrés par la musique électronique.

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D'abord utilisée par le rock psychédélique et le disco, la musique électronique donne ensuite naissance à la New Wave, au Hip-hop, aux musiques d'ambiances et premières sonorités « techno ».

Voilà une idée reçue qui vole en éclats : la musique électronique ce n'est pas que de la techno, mais un outil derrière lequel se cache tout un ensemble de styles musicaux.

Pierre et Loïc apportent alors leur contribution en faisant une démonstration au public des différentes générations de machines électroniques, des premiers synthés et boîtes à rythmes des années 80 aux logiciels d'aujourd'hui.

La conférence continue et l'origine de la naissance des différents styles actuels est dévoilée : Dubstep, Drum'n'Bass, House, Minimale, Hardcore, Kuduro, …

Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire cet article beaucoup plus détaillé sur la conférence, donnée en décembre dernier à Dole.

La conférence s'achève sur l'évocation de ce que sera le futur de la musique électronique.



Ou plutôt de ce qu'il pourrait être, car l'avenir est plein de surprises…

Pierre et Loïc mettent l'accent sur l'importance des évolutions technologiques, notamment en termes d'interfaces : écrans tactiles, accéléromètres, reconnaissance des mouvements…

Ces dispositifs, rendus accessibles au grand public via les dernières consoles de jeux vidéo, sont en train de faire une entrée en force dans la musique.

Cela risque d'être fort intéressant, car ce qui handicape beaucoup les possibilités des synthétiseurs est l'utilisation quasi-unique d'un clavier de piano. Difficile de rivaliser, en termes de dextérité, avec ce que l'on peut faire avec les cordes d'une guitare ou d'un violon.

Loïc termine la conférence par une démonstration de commande d'un synthétiseur par … contrôle mental !

Sur la table un jouet, modifié pour en faire un organe de commande, permet de faire varier un paramètre suivant le niveau d'activité cérébral. L'avenir sera bel et bien inattendu !

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La soirée continue par un concert dans un lieu original puisque c'est une péniche des vedettes de Besançon qui nous accueille.

Embarquement, on lève les amarres… et c'est partit pour 3 heures de croisière musicale.

Pour le public, c'est l'occasion de voir Besançon sous un angle inhabituel.

Ce petit tour sur la boucle du Doubs met en valeur le patrimoine architectural de la ville, les appareils photos crépitent…



Aux platines, on retrouve d'abord The Smooth Operators, duo compose par Moog et Zo.

Au programme, une petite sélection soul / funk / hip-hop bien sympa, qui rappelle les soirées du Retour du Boogie, animées autrefois par Zo.



Ensuite c'est un autre duo qui reprend la suite.

Baptisé « Esquive et Rotative », il est formé par deux DJ du Citron Vert, Mat et Vincent.

Ces deux DJ ont des goûts musicaux assez éclectiques et ont fait leur réputation en sortant des sets nous faisant naviguer d'un style à l'autre.

Alors que les derniers rayons de soleil s'éteignent sur la ville, rien de mieux pour mettre l'ambiance ce soir !

La soirée de vendredi est traditionnellement dédiée aux « barateks ».

Quand je suis arrivé en Franche-Comté il y a huit ans, on m'a dit « Besançon, c'est la ville des bars ».

Effectivement, les cafés concerts et bars de la ville sont bels et bien un de ses moteurs culturels les plus efficaces.

Nombreux sont les groupes de musiques, les associations, et les publics, qui ont connus leurs premières émotions musicales sur ou devant une scène dans un bar.

D'ailleurs avant que Besançon ne construise sa SMAC il y a un an et demi, les bars étaient quasiment les seuls lieux d'expression pour la musique actuelle.

Aujourd'hui encore, les bars conservent une place importante dans la scène musicale alternative. Ce sont la plupart du temps les seuls lieux accessibles pour les artistes et les associations qui n'ont pas de gros budget.

Le Citron-Vert a donc fait appel à six bars de la ville qui organisent chacun un concert sur un thème musical différent.

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Le Bodega accueille Soulprodz, Primate et URK pour une soirée Hip-hop / Dubstep.



Les Passagers du Zinc reçoivent Discobangez VS Wobble Boy, Biop6 et Beatrider pour un concert Dirty Electro Rock.



Le Maquis s'occupe du côté Psychédélique Trance de la soirée avec aux commandes Kalim et Molechat.

Au Freedom, c'est Drum'n'Bass avec le duo Drumka, Rob Da Noize et C-Roots.



Le Bar de l'U, enfin, reçoit Bartolomew, Mëtël et P'tit Luc VS DJ Konik pour une soirée Minimale.

Un absent de marque cette année : le café-concert la Cour des Miracles, qui vient de fermer ses portes.

Autre mauvaise nouvelle : la Péniche Vodka Bar, qui devait accueillir Agitation, Artritik et Kuluk pour une spéciale Tribe, a dû annuler son concert.

En cause : une ordonnance de fermeture administrative de 15 jours arrivée… juste la veille.

Cette sanction est liée à des soucis survenus lors d'une soirée deux mois auparavant, qui évidemment n'ont strictement rien à voir avec Electroclique…

Compte tenu des délais, impossible de reprogrammer les artistes dans un autre lieu, dommage.

En tout cas, les soirées ont rencontrées un vif succès !

Il fallait juste penser à prendre son vélo pour pouvoir faire la navette d'un bar à l'autre sans perdre trop de temps.

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Pour le festival Electroclique, de nombreux amateurs de musiques électroniques sont présents sur Besançon pendant le week-end.

Le Citron Vert profite de l'occasion pour organiser chaque année le samedi après-midi une brocante spécialement dédiée aux disques, instruments de musiques et matériels de sonorisation.

Ce sont les ateliers Zone Art qui accueillent cette « electrocante ».



Ce collectif d'artisans-artistes indépendants, qui existe depuis quelques années, a récemment élu résidence dans la cour du Champagney, rue Battant à Besançon.

Les membres de Zone Art ont rapidement tissé des liens avec les acteurs locaux du monde de la musique. C'est tout naturellement qu'ils apportent, comme l'an passé, leur contribution à Electroclique.

Samedi soir, c'est le final à la Rodia, où une vingtaine d'artistes se partagent trois scènes pendant dix heures de concerts. Ce sera certainement le plus gros concert de Besançon cette année.

Au programme, tous les styles de musique électronique avec des grosses têtes d'affiches venues de loin et des valeurs sûres locales.

Avec la line-up du bar, nous avons pu retrouver avec plaisir nos DJ préférés :
- Silex
- Raph
- DJ Frogg
- Lin-C
- XT-Ric

Dans la grande salle et au club, une programmation d'enfer avec :
- Primate
- Al'tarba feat. DJ Nixon
- Shazalakazoo
- Habstrakt
- Atari Teenage Riot
- Maztek
- Les Pattes Folles
- Souche
- Saycet
- Yodi
- Lowkey
- L-Xir
- Sawgood

Et pour la déco et la vidéo : Steph, Pixopath et Nushi Soup.

Quelle soirée ! Dommage que ce soit la dernière…

Pour finir sur une note d'optimisme, que les lecteurs sachent que les artistes et les associations bisontines ne baissent pas les bras.

Motivés et unis, nous mettons, en ce moment même où j'écris ces lignes, toute notre énergie pour sauver l'avenir des musiques actuelles en particulier, et des cultures alternatives en général.



Ci-dessous quelques photos et vidéos du festival ; c'est presque exhaustif mais il manque quelques artistes, car cette année, en même temps qu'Electroclique, j'étais bénévole sur un autre festival…